Shoko a grandi dans la campagne japonaise, étudié aux Etats-Unis et vit actuellement dans la quintessentielle Bruxelles. Brillant dans sa diversité, l’album Simple Sentences, un peu comme un bagage que l’on aurait baladé de ville en ville, a réussi à s’imprégner de l’essentiel des influences émanant de chaque endroit où il a atterri, et contient des éléments de chacune des étapes de sa vie : son Japon natal et son amour pour les dessins animés qu’elle regardait enfant, la rigueur de son éducation jazz au prestigieux Berklee College of Music de Boston (Shoko est saxophoniste et flûtiste), Warp et la techno bleep européenne, et même l’euro disco psych kitsch, puisque Shoko cite Dan Lacksman (Telex) comme l’un de ses héros.
Les influences de l’Extrême-Orient sont plus qu’évidentes et même inconscientes, ce qui a pour effet de les voir s’intégrer d’une manière enfantine et naïve, et participe d’autant plus encore à l’originalité du son de Shoko. Prenez par exemple le morceau «AppleBanana» : les échos de Chiemi Manabe, Haruomi Hosono, et même des airs d’Akiko Yano sont tous parfaitement présents.
«Sand Dungeon» est un petit bijou qui rappelle Yellow Magic Orchestra au sommet de son art, et le juste titre «Anime Song» pourrait être un morceau inédit du très recherché fameux LP de Testpattern. «Lovely Song», dans son atmosphère pastorale électronique, aurait pu être produit par Seigen Ono, mais est entièrement le fruit de l’esprit créatif débordant de Shoko.
«CASH OK» renvoie à la scène new-yorkaise des années 90 de Street Jazz, rendant hommage aux concerts improvisés qu’elle donnait à Brooklyn, et «Tsuki No Yama», qui clôt l’album, revient à ses racines avec un son folk méditatif très différent des accents pop étoffés que l’on retrouve sur le reste de l’album.
© Victor Pattyn